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  • Photo du rédacteurmarieprokopski

Claustrations, Salvatore Minni

Dernière mise à jour : 2 déc. 2021


Mon fil rouge-Claustrations-Salvatore Minni

19 novembre 2020. 9 mois déjà que nous vivons confinés... privés de nos proches. De nos petites habitudes à flâner en toute liberté. Dépouillés de notre vie sociale, professionnelle et surtout artistique. Reclus dans une certaine paranoïa. Et pour quoi ? Pour un satané virus répondant au nom sarcastique de "Covid 19". Oh, nous avons pourtant connu une trêve, certes, le temps d'un été... où certaines restrictions ont été levées... mais ce fut de courte durée. Sauf que l'être humain n'est pas fait pour vivre enfermé, il est bon de le rappeler !

Bonjour, j'espère que vous allez bien et que vous avez pu être épargné par cet étrange mal. Qu'en cette période d'isolement, vous trouvez de quoi vous occuper l'esprit... en lisant par exemple. J'ai pour ma part eu envie de revenir sur un livre que j'ai dévoré il y a un bon bout de temps à présent mais qui, je trouve, est tellement d'actualité: il s'agit de "Claustrations" le premier roman de Salvatore Minni.

"Claustrations"... quel drôle de titre !!!

J'avais été frappée à l'époque par ce nom assez peu commun. J'avoue même que je ne connaissais pas vraiment sa signification et que je m'étais ruée dans un dictionnaire pour être certaine de tout capter. Quoi ? Vous aussi ? Et bien pour votre gouverne, la claustration est un nom féminin qui signifie le fait d'être enfermé dans un lieu clos. Tiens tiens tiens, un peu bizarre comme situation non ? Vous n'avez pas l'impression de la vivre en ce moment ? Si ce n'est le cas, je vous souhaite la bienvenue dans notre quatrième dimension !


Résumé

Mon fil rouge-Claustrations-Salvatore Minni


Alors que monsieur Concerto tente de découvrir les raisons qui l’ont conduit dans une chambre d’isolement, Charles se cloître de son plein gré.

Clara, que son amie Françoise recherche depuis plusieurs semaines, se réveille un matin étendue sur le sol d’une cellule obscure et infestée d’insectes.

Ils ne se connaissent pas et pourtant, ils portent le même tatouage sur le bras…

Chacun d’entre eux se retrouvera face à son destin. Mais, dans leur quête de la vérité, ils se rendront très vite compte que les apparences ne sont pas celles qu’ils croyaient.



Pourquoi j'ai aimé Claustrations ?


Comme décrit dans le résumé ci-dessus, vous allez découvrir les destins de Charles, Clara et Monsieur Concerto. Tous les trois sont enfermés volontairement (ou pas) dans des chapitres courts (juste assez pour nous faire languir). Des chapitres forts par les mots (la simplicité y est d'une pure beauté) et subtils en raisonnements (l'imagination nous conduit à tirer nos propres conclusions). Trois destins qui vont vous tenir en haleine jusqu'au dernier mot.

Mais là où je tire mon chapeau, c'est pour le choix des (pré)noms qu'il a donné à ses personnages ! C... comme Charles, Clara, Monsieur Concerto ou ... Claustrations ! Il a fait très fort avec celui de "Monsieur Concerto" !!! Je n'avais pas compris ce choix... jusqu'à la dernière ligne du livre ...


Il est difficile de rédiger une critique sans spoiler l'histoire, mais la manipulation avec laquelle joue Salvatore Minni est futée, voire illusionniste. Comme si il tirait les ficelles de marionnettes. Mais qui sont-elles au juste ? Ses personnages ou ses lecteurs ? Il nous entraine dans les affres de l'enfermement avec une certaine subtilité, le tout dans une atmosphère plutôt anxiogène. Ce thriller psychologique explore les méandres de l'esprit. On se perd entre les pages, passant perpétuellement d'une situation à l'autre. Où sommes-nous ? À quelle époque ? On étouffe! La tension est palpable, l'écriture manipulatrice et nous, on reste tout simplement sur notre faim !


Extraits


"Elles étaient là, tout autour de lui, il les entendait matin, midi et soir. Sans relâche. Elles étaient partout… mais surtout en lui. Elles résonnaient, riaient, criaient ou pleuraient. Il ne comprenait pas ce qu’elles disaient, il voulait simplement ne plus rien entendre. Le silence, il en rêvait. C’est tout ce qu’il recherchait. Dans un coin de ce qui était devenu son repaire, son antre, sa tanière, il plaqua les mains sur ses oreilles pour ne plus entendre les voix qui s’emparaient de lui, l’enivraient, l’aliénaient. Elles s’immisçaient, rampaient jusqu’à lui dès les premiers rayons qui annonçaient l’avènement d’une nouvelle journée. Quelle date, jour, heure, il n’en avait aucune idée. Il ne se souvenait plus des circonstances qui l’avaient amené dans ces murs froids et lugubres. Des frissons le secouaient, il eût voulu une couverture."


 

"Rose venait de quitter l’épicerie qui se trouvait au bout de la rue, à une centaine de mètres de la maison. Un sachet en plastique plein de provisions à la main, elle avançait d’un pas pressé : elle redoutait de croiser un policier et de perdre ses moyens. Elle avait la tête pleine de doutes. Elle se demandait ce que Charles comptait faire. Allait-il accepter l’opération ? Finirait-elle par se retrouver seule ? Elle secoua la tête pour chasser cette idée. L’épicerie ne se situait pas très loin de sa maison, mais depuis que Charles était enfermé, cette distance lui semblait décuplée. Elle regardait droit devant elle, évitant de rencontrer le regard de qui que ce fût. Lorsqu’elle aperçut enfin sa maison, elle ralentit… Sa respiration s’accéléra soudain, un poids vint écraser ses poumons, son coeur sembla s’être arrêté. Mon Dieu, lâcha-t-elle à voix basse. Elle avait deux possibilités : continuer normalement sa route et affronter les policiers qui attendaient devant la porte d’entrée ou se cacher en espérant qu’ils ne défonceraient pas la porte. Pourvu qu’ils rebroussent chemin. Elle tenta de s’avancer. Elle baissa la tête et marcha vers son domicile. À mesure qu’elle s’approchait de ce qui était devenu la prison de Charles, son pouls lui tambourinait les tempes. Plus qu’une dizaine de mètres Des gouttes de sueur transpercèrent sa robe de coton. Cinq mètres. Le sachet en plastique glissa tant ses mains étaient moites. Mince ! Elle était à quelques mètres de la maison. Mais le temps semblait s’étirer à l’infini. Elle se baissa pour ramasser ses courses. Ses mains ne répondaient plus correctement tant elle était nerveuse. C’est malin, tu ne pouvais pas faire attention, se réprimanda-t-elle. Elle se releva, inspira profondément et poursuivit sa pénible marche."


 

"Seule, dans ce qui semblait être l’infirmerie de cette immonde prison, Clara tentait d’ouvrir le moindre placard pour y dénicher un objet quelconque qui pût l’aider à fuir. Des ciseaux, une seringue, n’importe quel instrument susceptible de s’enfoncer dans la chair. Tous étaient cadenassés. Elle désespérait. Que pouvait-elle faire avec le flacon d’alcool qu’elle avait glissé dans sa poche ? Aveugler un instant ses bourreaux, mais cela ne les empêcherait pas de la pourchasser. Non. En plus de ce liquide, il lui fallait quelque chose de coupant. Elle fit une pause, passa sa main dans ses cheveux propres. Le plaisir qui en découla était indescriptible. C’était la première fois en plusieurs semaines qu’elle retrouvait la propreté. Elle sourit."

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