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  • Photo du rédacteurmarieprokopski

Entre deux mondes, Olivier Norek

Dernière mise à jour : 2 déc. 2021


Mon fil rouge-Entre deux mondes-Olivier Norek

Dites-moi, comment choisissez-vous vos livres ? Un coup de coeur pour la couverture ? Un titre enivrant ? Un auteur que vous ne lâchez pas ? Personnellement, je n'avais encore jamais pénétré dans le monde d'Olivier Norek et lors de ma venue au salon Iris Noir Bruxelles, je me suis amusée à demander aux bénévoles présents, mais aussi aux visiteurs, quel(s) étai(en)t leur(s) recommandation(s) littéraire(s)...Je ne cherchais pas un roman à l'eau de rose, entendons-nous bien, mais bien un livre qui selon eux ne devait pas me laisser indifférente. Le titre gagnant fut "Entre deux mondes" d'Olivier Norek.

Seulement, pas de bol pour moi, je n'ai pas su trouver cinq minutes pour aller me le faire dédicacer (la file de fans étant toujours bien engorgée). Il faut dire que notre écrivain attire les foules, ça j'avais déjà pu le remarquer lors de notre première édition d'Iris Noir Bruxelles. Je convoitais la version Broché (toujours plus sympa dans une bibliothèque), si bien que, quand le salon toucha à sa fin, tout le stock avait fondu comme neige au soleil. Impatiente de nature, je me suis donc rabattue sur la version audio (et je ne l'ai pas regretté). La voix de François Montagut fut tout simplement la cerise sur le gâteau et gourmande comme je suis, je n'ai pas été déçue !


Résumé

Mon fil rouge-Entre deux mondes-Olivier Norek

Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.


Pourquoi j'ai aimé "Entre deux mondes" ?


Car l'auteur nous entraine dans cette jungle de Calais sans ménagement. Olivier Norek ne met pas de gants. Ne fait pas dans la dentelle. C'est direct et efficace ! Il observe. D'abord les migrants. Et à travers ses mots, c'est dans une atmosphère hostile que nous allons à la rencontre d'Adam ou de Kilani, touchants malgré la noirceur de leurs actes. En ubiquité, on vit leur fuite, leur survie, leur espoir. Puis il s'attaque à l'envers du décor, ah oui, parlons-en du décor ! Une ville devenue fantôme, peuplée de dépressifs respirant la résignation mais s'évertuant pourtant encore à protéger leur famille de ce désastre humanitaire. Puis il y a aussi les forces de l'ordre, du moins ce qu'il en reste, à qui on demande de faire respecter la loi, mais sans leur en donner les moyens.


Fiction ? Réalité ? Il est difficile de rester stoïque. Il ne faut pas nous voiler la face, nous avons tous en mémoire ces images de camps d'exilés où hommes, femmes et enfants sont à présent entassés dans la misère la plus totale alors qu'ils voulaient échapper aux horreurs de la guerre. Fuir un pays où la situation politique et/ou économique était devenue un véritable enfer. Mais leur purgatoire est tout aussi sombre et les voilà à présent obligés d'affronter de nouveau la violence et la haine, passage obligé vers ce qui était supposé être leur jardin d'Eden. Je pense que nous avions tous besoin d'une petite piqûre de rappel. Certaines réalités ne doivent pas s'endormir et même s'il s'agit d'une fiction, j'ai été bouleversée par ce récit. Oui, nous avons tous entendu parler de cette jungle de Calais (plus communément appelée "la Lande"). Si si, je suis sûre que ça vous dit quelque chose ! Ce terrain sablonneux de +/- 18 hectares, situé à côté de la Rocade Portuaire (ou Route Nationale 216) dans le nord de cette belle France. Un endroit où s'amassent les bidonvilles, où végètent les migrants s'accrochant à une lueur d'espoir et où les passeurs organisent un véritable trafic humain.


Mon petit-fils a cinq ans. Il respire la joie de vivre s'en donnant à coeur joie avec ses Pokémon, ses super-héros, ses friandises... Il rit, il chante, il est heureux... tous les enfants du monde méritent d'être heureux ... alors dites-moi, comment ne pas être déstabilisé par le sort de Kilani après avoir refermé ce livre ?


Extraits


"Quelque part en Méditerranée.

La main sur la poignée d'accélération, il profita du bruit du vieux moteur pour y cacher sa phrase sans créer d'incident ou de panique.

- Jette-la par dessus bord.

- Maintenant ?

- On s'en débarrassera plus facilement au milieu de la mer que sur une aire de parking. Elle tousse depuis le départ. Pas question de se faire repérer une fois qu'on les aura collés dans les camions en Italie.

Dans l'embarcation, deux cent soixante-treize migrants. Âges, sexes, provenances, couleurs confondus. Ballottés, trempés, frigorifiés, terrorisés.

- Je crois pas que je peux y arriver. Fais-le, toi.

Un soupir d'agacement. Pas plus. L'autre abandonna la barre pour se diriger, résolu, vers la femme qui se cachait au fond. Il bouscula les passagers sans considération. A son approche, la femme resserra son étreinte sur le corps qu'elle protégeait entre ses bras, posa fermement la main sur la petite bouche froide, pria pour qu'elle cesse de tousser. Apeurée, l'enfant laissa échapper son lapin violet en peluche élimée que l'homme écrasa sous le poids de son pied sans même le remarquer. Il s'adressa à la mère.

- Ta petite. Tu dois la jeter."


 

"Sa main toucha doucement le fond de la Méditerranée, puis le bras, le reste du corps, et la tête en dernier, posée comme sur un oreiller de sable , ses cheveux en couronne de fleurs noires."


 

"Puis les cris s'entendirent comme tous les soirs à la faveur de l'obscurité. Règlement de comptes et punitions, vols et agression, sans que personne n'intervienne. Il avait même donné un nom à ces moments insoutenables.

La nuit des lâches.

Et il en faisait partie.

Adam serra les poings et attendit que le sommeil le libère de la honte. Mais alors que le silence était revenu un longs sanglots déchira la nuit et lui transperça le cœur.

Une plainte presque animal. Aucun mot ne s'entendait, rien d'intelligible en tout cas, comme un langage inconnu uniquement fait de voyelles... suivi d'un hurlement de douleur.

Il n' y avait toutefois aucun doute: il s'agissait d'un enfant."

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